Bonjour le menteur!
Être traité de menteur! Aimeriez- vous être reconnu ainsi au travail, à la maison, par vos amis ? Sans doute non.
Mais si on vous posait directement la question : « Mentez-vous parfois ? » Vous pourriez peut être répondre oui, ou après avoir hésité et bégayé, répondre « rarement », » quand je n’ai pas le choix ». Peut-être seriez-vous celui qui est prêt à jurer sur la tête de sa mère qu’il ne ment jamais, alors que vous venez juste de le faire.
Il faut admettre que les escrocs, les manipulateurs, les infidèles, les enfants n’ont pas l’exclusivité du mensonge. Chacun d’entre nous y a eu recours plus ou moins fréquemment. Ce comportement inexcusable pour certaines personnes, l’est pour d’autres. Dans ces cas-là, il y a de bonnes raisons de mentir pour ne pas provoquer de conflit, ne pas blesser, ne pas faire de peine.
Il y a 3 niveaux de mensonges :
- Le mensonge normal est épisodique, motivé et proportionnel à son objectif.
- Le mensonge moyen se traduit par une augmentation du nombre de mensonges et ce, quotidiennement.
- Le mythomane utilise le mensonge comme une seconde nature, ne se rend pas compte de ses mensonges, exagérations et dissimulations. Peut avoir des conséquences plus ou moins graves.
Pour un menteur, les mensonges et les simulations sont, aux départs, conscients et utilitaires. Contrairement au menteur, le mythomane est inconscient de son mensonge. Il croit vraiment ce qu’il raconte, il est sincère avec lui-même. Le mensonge lui permet de fuir une réalité qu’il ne peut accepter ou affronter sans souffrir. Cette fuite de la réalité traduit généralement un manque de maturité affective et de confiance en soi.
La mythomanie, c’est la tendance systématique, plus ou moins volontaire, voire inconsciente, à la fabulation et à l’altération de la vérité. La mythomanie peut prendre différentes formes comme le mensonge, les oublis volontaires, les informations incomplètes, les exagérations, la minimisation, les fables imaginaires, simulations de maladies mentales ou physiques. Il existe également des mensonges plus subtils tels que les excuses, les justifications.
Le but du mythomane est d’aller chercher un gain, de la popularité, faire l’imposition de ses idées ou encore l’évitement d’un échec. Il vise à obtenir des avantages ou à éviter des inconvénients. Il invente. C’est quelqu’un d’instable, d’influençable, de théâtral, d’inconscient, bon acteur, convainquant.
La personne mythomane n’a pas confiance en elle et aux autres. Elle a besoin de prouver aux autres qu’elle est capable, qu’elle est qualifiée. Elle vit dans un monde d’illusions par rapport à elle-même. Elle se fait des scénarios mentaux qui contribuent à se duper elle-même et duper les personnes qui l’entourent.
Elle veut attirer l’attention, se faire entendre, se sentir importante et aimée car elle a un manque d’amour inscrit profondément en elle. En mentant, elle se sent aimée, a l’attention des autres.
De plus, la gérance constante de ce qu’elle a dit, n’a pas dit est difficile à concilier. Cela peut causer de la confusion et oblige, dans plusieurs cas, les autres à mentir.
La mythomanie devient pathologique si elle persiste au-delà de l’enfance. Souvent, les gens jugent négativement la personne mythomane comme si elle présentait une image d’elle-même malfaisante, nuisible, conflictuelle voire même nocive. Les mythomanes sont, d’abord et avant tout, des personnes blessées.
Comme le dit le célèbre Dr house : « tout le monde ment ». On pourrait presque dire qu’il n’y a que notre corps qui dit la vérité. En effet, nous mentons tous et ce, tous les jours
Il y a, selon moi, 3 grands types de mensonges :
Celui qui vise à protéger l’autre, pour ne pas qu’il soit stressé. Cela peut renvoyer à des mémoires d’équations (mémoires d’émotions déjà vécues) comme : vérité = drame ou mort (dans le sens de survie).
Dire la vérité = une punition. Si on à découvert depuis longtemps que le mensonge fonctionne, on va continuer à mentir (béhaviorisme), comme un gain à obtenir.
Le mensonge social qui peut viser à nous protéger : on va émettre les mêmes opinions que les autres pour faire comme eux, en arguant du désir de protéger l’autre. Nous pouvons alors mentir pour ne pas blesser l’autre et éviter ainsi qu’il ne puisse éventuellement nous rejeter ou faire quelque chose d’autre, en réaction. Celui-ci peut intervenir pour nous protéger de certaines de nos blessures, celles-ci pouvant être multiples et variées. Il peut donc y avoir des stress biologiques sous-jacents (stress générationnels) mais seule une étude plus approfondie de la vie ou de l’arbre généalogique de la personne pourrait nous dire lesquels sont à travailler. D’une manière métaphorique, on pourrait presque dire que c’est une maladie génétique.
Le mensonge pour manipuler l’autre et obtenir ce qu’on veut ou faire du mal à l’autre. Celui-ci s’inscrit clairement dans une logique biologique « je ne dois pas être compris de l’autre pour le retenir ou lui échapper », donc pour cela, il faut que je lui mente, semblable à l’enfant qui se sent coupable.
Dans la nature, il faut être compris de ses amis et incompris de ses ennemis. Dans ce cas de figure, il faut clairement regarder les stress qui nous indiquent que l’autre peut être un ennemi pour nous et parfois avec l’obligation de devoir cohabiter avec : la mémoire d’un évènement, d’une personne qui a été un frein ou un danger pour notre vie ou la vie d’une autre personne.
Mais d’une manière générale, seule l’histoire propre et familiale de la personne peut nous éclairer là-dessus.
Il faut regarder plusieurs axes possibles dans l’histoire de la famille, les évènements précis :
- en quoi le mensonge a-t-il pu justifier une naissance à un moment donné de la vie familiale ?
- en quoi le mensonge aurait-il pu sauver la vie de quelqu’un ou a sauvé la vie de quelqu’un ?
- en quoi la vérité a-t-elle pu, à un moment donné de l’histoire familiale, provoquer un drame voire la mort ?
Apparaître sous son vrai jour fait souvent peur, peur de ce que les autres vont penser de moi. Le recours au mensonge ne doit pas être banni ni éliminé complètement de votre vie. Il protège parfois. Toutefois, il doit rester rare et être utilisé de façon à limiter les dégâts.
Solution…
Prendre conscience que je mens ou faire prendre conscience à quelqu’un qui ment est la première étape à franchir. Et pour ceux qui veulent aider un menteur pathologique, à le conscientiser de son mensonge, il est préférable de lui refléter son mensonge et non l’attaquer par lui. Argumenter avec une personne mythomane risque de provoquer une obstination qui se renforcera et le butera dans son déni.
En étant conscient de son mensonge et en réduisant son anxiété (stress de performance) et son besoin viscéral d’être aimé, en ayant plus confiance en elle, la personne mythomane pourra en arriver à être elle-même et se sentir aimée sans avoir besoin de mentir.
La patience et l’amour sont les clés pour accompagner la personne qui utilise le mensonge pour dissimuler sa souffrance..