Les personnes qui refusent de s’engager, ne tissent pas de liens facilement.  Selon Steven Carter, en général les personnes qui ont de la difficulté à tisser des liens se raccrochent à leurs fantasmes, au lieu de se rapprocher d’un être réel.

Entamer une relation véritable signifie attacher en permanence de petits morceaux de nous-mêmes  avec quelqu’un d’autre. Avec le temps, des milliers de petits morceaux sont fixés les uns aux autres par des nœuds qu’il faut constamment observés. Lorsque certains se rompent, il faut les rattacher plus solidement; c’est pourquoi la trame de chaque relation est unique. Et si nous refusons d’attacher d’importants morceaux de nous-mêmes à notre partenaire, notre relation demeurera superficielle. Cette relation sera alors dépourvue de la profondeur et de la richesse nécessaires pour faire de la relation un élément authentique, intime et permanent de notre vie.

À partir du moment où notre partenaire et soi-même décidons de nous engager, nos destinées sont liées. Nous ne sommes pas le seul maître à bord d’un vaisseau nommé relation!

Pratiquement tout ce que nous savons de l’amour et de l’engagement, nous l’avons appris de notre entourage (mère, père, frères, sœurs, tantes, oncles, grands-parents). Car la première personne que nous aimons est celle qui s’occupe de nous, celle avec qui nous avons créé un lien d’attachement. Ce sont ces relations, celles de nos premières années qui exercent la plus puissante influence sur notre façon d’aimer et d’être aimé, même si quelquefois elles nous semblaient envahissantes et limitatives. Si nous avons vécu dans notre enfance des expériences négatives répétées, nous perdrons une large part de notre facilité d’aimer.

Parmi les livres consultés, il en ressort que l’expérience de chaque auteur influence leurs écrits.  De ce fait, il me semble difficile d’adopter une direction particulière. Il importe d’analyser cette théorie et d’en faire un résumé selon l’image telle que je la perçois.  Ma théorie est la suivante : on vit une relation de couple, selon l’image de la relation reçue de nos parents, de celle qu’ils ont eux-mêmes vécue et qu’ils nous ont projetée et que nous avons accueillie.

De plus, notre expérience personnelle vient également jouer un rôle prépondérant dans la direction et l’évolution de notre relation amoureuse.

Afin de développer sur ces questions, selon l’auteur Carol Botwin, «on constate l’augmentation du taux d’infidélité des femmes mariées, depuis 1948, qui sont en train de rattraper les hommes.  En moyenne, la moitié des femmes mariées auront été infidèles avant 40 ans. Mais comment prédire qu’une femme sera infidèle ?». Les signes suivants résument, en partie, le schéma de comportement entourant l’infidélité.

Voici quelques-uns des 20 signes observés :

  • L’occasion se présente.

  • L’un de vos parents était infidèle.

  • Vous prenez l’initiative sexuelle avec votre mari.

  • Vous croyez que l’infidélité est justifiée dans certain cas.

  • Vous êtes sur un point tournant de votre vie où vous traversez une crise.

  • Vous êtes frustrée sur le plan sexuel, etc.

De façon générale, l’infidélité commence par ces obsessions mentales.  C’est-à-dire que je laisse place à mon imagination, comme par exemple l’histoire de la petite fille qui rêve à son prince charmant et qui se le décrit selon sa perfection à elle.

L’infidélité, ça commence de la même manière que l’histoire de la petite fille…. c’est-à-dire dans notre tête. Un autre homme que mon conjoint vit dans ma tête et c’est ce qui peut m’amener à être infidèle. Même si cette relation existait entièrement ou presque dans ma tête, j’ai créé ce triangle amoureux. Pour certains, que ce soit réel, virtuel ou imaginaire, il n’y a pas de différence : c’est une infidélité.

Une liaison extraconjugale (unisexe) peut être le moyen parfait de s’affirmer, de se venger surtout!  Se venger de quoi? Et bien de l’humiliation, de critiques et de mépris.  À la guerre comme à la guerre. D’avoir  l’impression de ne pas être  «correct(e)». Alors voilà une bonne occasion de contre-attaquer, de se venger.  Et le seul moyen dont certains connaissent, c’est d’utiliser leurs armes…soit par le charme, soit par la séduction ou bien encore par la victimisation!

La religion catholique avec tous ses interdits a longtemps culpabilisé les hommes et les femmes surtout, concernant  leurs désirs sexuels. Les fantasmes étaient pour plusieurs un dérivatif essentiel, leur permettant d’extérioriser leurs pulsions sexuelles en s’illusionnant sur la non-responsabilité de leurs pensées. Comme certains se justifient en disant « je n’ai pas passé à l’acte, donc je suis fidèle à mon partenaire ».

Maintenant  que dire du «pardon». Doit-on réellement demander pardon?

« Le pardon nous écarte de la conscience de l’inconscient et de la vision de l’invisible parce qu’il nous maintient dans un modèle d’explication et de compréhension des conflits, modèle qui reste prisonnier de la loi du talion (œil pour œil, dent pour dent) ». Jusqu’ici c’est assez technique, là où ça devient plus intelligible c’est que « Si le pardon accélère l’évolution, cependant il ne permet pas d’approfondir la compréhension des manigances de l’invisible, de l’inconscient.

Pour certains, le pardon se fera graduellement après de mûres et profondes réflexions. Ils analyseront leur vie de couple sous toutes les coutures pour enfin se dire qu’il vaut mieux regarder vers le futur, courageusement et avec confiance. Qu’il est essentiel d’essayer de ressouder ces liens qui ont été désunis durant un moment.

D’autres se culpabiliseront, en prenant toute la responsabilité de l’infidélité : si j’avais été là plus souvent, si j’étais plus accessible sexuellement, etc. Ils excuseront leur partenaire; mieux vaut vivre avec un partenaire infidèle car s’il me revient il doit m’aimer, et la promesse d’un recommencement est plus attirant que la solitude.
Quelque soit la réaction, le pardon demande une dépense énergétique importante pour le partenaire offensé et n’est jamais simple.

Que ce soit par une blessure inconsciente, une carence affective dans l’enfance, un manque de communication dans le couple, chaque partenaire est responsable, chacun à sa façon, de l’infidélité. En prendre conscience atténue grandement la signification du mot pardon (œil pour œil, dent pour dent) et permet une plus grand ouverture à soi et à l’autre et ainsi pouvoir évoluer dans une relation de communication et d’empathie.

D’un autre côté, il y en a pour qui la fidélité est capitale. L’expérience diffère de chacun. Par exemple, une personne qui s’est déjà fait trahir ou, qui a déjà connu la perte, sera plus inflexible quant à la fidélité, car elle saura ce que l’on ressent quand on l’a vécue. Elle pourrait même anticiper chaque geste de son partenaire comme un prélude à l’infidélité.

De plus, ces pensées, réelles, imaginaires ou virtuelles, mettront sur l’autre une sorte d’encrage ou de contrôle, afin de maintenir celles-ci sous l’emprise de la personne dite possessive, voire même intransigeante.

Mais où est cette limite qui dépasse le cadre traditionnel des croyances associées à ce que l’on veut nous inculquer comme image?

Parce que si l’on s’entend pour dire que virtuel, imaginaire ou encore réel ne fait pas de différence, alors tout le monde est infidèle.  Que l’on ait une pensée sexuelle pour notre voisin si séduisant, ou encore, que l’on visionne un film XXX avec notre époux, il n’y a donc pas de différence : nous sommes infidèles.

Il serait souhaitable qu’au début de chaque relation, même fusionnelle, que les partenaires se posent mutuellement cette question : qu’est-ce que l’infidélité pour toi?

Ce sujet reste un débat qui pourrait être sans fin.  Le but est de démontrer plusieurs points de vue. Les limites de l’infidélité sont personnelles à chacun. Chaque personne a sa vision  de l’infidélité, c’est pour cela qu’il est primordial qu’au début de la relation, l’on mette les balises de chacune de nos limites.

La fidélité est une partie intégrante à elle-même.  Celle-ci est en lien avec le respect de soi-même et avec la dignité profonde. La loyauté part donc de soi-même envers soi-même.

L’histoire d’Annie

En 2002, Annie apprend l’infidélité de Paul. Annie déchirée, décide de pardonner l’erreur de parcours de Paul.  En 2009, Annie ne comprends plus sa relation de couple, elle  sent qu’elle n’a pas de place dans cette relation, car Paul est un homme extraverti, chaleureux avec les femmes quand il est en boisson, avec un grand besoin de se faire entendre.  C’est un homme imposant, attirant tandis qu’Annie est délicate, réservée. Paul prend beaucoup de place comparativement à Annie.

Mais un jour, Annie fait la rencontre d’un homme à son chalet. Celui-ci lui murmure sans cesse qu’elle vaut mieux qu’un gars qu’il ne la reconnaît pas, du moins qu’elle ne mérite pas d’être laissée dans un coin. Tous ces mots doux qui lui sont susurrés à l’oreille lui fait réfléchir à sa situation de couple actuelle. De plus, cet homme est charmant car il semble bien comprendre la situation que vit Annie.

À l’occasion d’une fin de semaine de filles, Annie et ses amies d’enfance décident  de se réunir dans un chalet mais voilà que l’homme charmant qu’elle a rencontré précédemment  s’invite et ce qui devait arriver, arriva ! L’infidélité d’Annie se concrétise par une revanche inconsciente.  Aujourd’hui, Paul veut essayer de pardonner à Annie, mais à condition qu’elle cesse de voir sa meilleure amie qui a été témoin de son infidélité.

S’il y a eu offense extra conjugale, cela devient une dynamique de trahison quand elle est connue par notre entourage : il y a un déséquilibre énergétique. La personne (l’offensée) se retrouve en perte d’énergie si elle ne fait que subir et ne rétablit pas la situation. Il y a alors un esprit de vengeance qui plane, un certain pouvoir donné à P (Paul), une perte de confiance et ça enclenche la surenchère.

Paul : P

Annie : A

Dans un couple, c’est donnant/donnant; il doit y avoir un échange. Si je te fais un « affront », tu dois me le rendre en moins important pour que l’un comprenne la souffrance de l’autre, sinon le couple est voué à l’échec ou a besoin d’aide!

A (Annie) devrait demander à P comment rééquilibrer la situation ?

  • De quoi mon conjoint a besoin de moi ?

  • De quoi est-ce que je crois que l’autre a peur de moi ?

P subit  un contrecoup, donc il est blessé. Annie doit demander à Paul : qu’est-ce que je peux faire pour rééquilibrer la relation, pour que la confiance se réinstalle graduellement ?

Voici un schéma visuel de la situation triangulaire de leur histoire :

P (Paul) : « J’accepte la trahison, mais avec la blessure que j’ai reçue, je veux que tu souffres à ton tour, je te demande donc  de sacrifier ta meilleure amie en coupant le pont de la relation pour me prouver que tu m’aimes, pour que notre relation fonctionne».

À chaque fois que Paul reverra l’amie, cela lui rappellera la trahison et le replongera dans sa blessure; c’est la raison pour laquelle il veut s’en éloigner pour ne plus la revivre. En lui demandant ce sacrifice, il demande à Annie d’avoir une peine aussi grande que lui.

Paul  en n’exprimant pas sa peine a pour conséquence de  mettre son couple en péril car Annie ne veut pas sacrifier son amie (couper les ponts). Par contre,  Paul devrait exprimer sa peine avec des mots, expliquer à Annie ce qu’il ressent vraiment, afin qu’elle comprenne toute l’étendue de sa peine et du sacrifice qu’il lui demande. Et Annie, de son côté, comprendra que la demande de Paul témoigne de son profond chagrin.

« Un mari et une femme qui sont à couteaux tirés ne sont contents que lorsqu’ils souffrent;  L’infidélité est le moyen idéal de manifester la haine, le dépit et le venin qui alimentent leur union». (Le fruit défendu de Carol Botwin).

«Aime-moi, déteste-moi, mais ne soit pas indifférent». Car être indifférent est le contraire d’être en amour; il n’y a rien de plus souffrant que de savoir que la personne que l’on aime ressent de l’indifférence pour soi. Mieux vaut la colère, la tristesse vécues par l’autre, toutes ces émotions qui présument que l’on est important pour notre partenaire même si ces émotions occasionnent des querelles, des ruptures de confiance passagères, des désillusions, mais elles sont, à tout le moins, vivantes; elles sont un cri du cœur venant de l’autre qui souffre parce qu’il aime.

Crise ou croissance ?

« Dans le mot crise, il y a toutes les lettres qui se retrouvent aussi dans le mot croissance, et dans une crise, il y a une croissance… »

Compromis ou négociation ?

C’est la façon dont on va confronter l’autre qui va être la problématique (l’intention).

Compromis :

Les deux cèdent du terrain pour perdre un jour ou l’autre la face. C’est aussi d’accepter le prix de ce que c’est que d’être en relation. Faire un compromis, c’est compromettre tes propres choix. Faire les deux un compromis, c’est que tous les deux ont fait quelque chose de déplaisant, les deux sont perdants, donc voire une perte de vitalité. Dans ce cas, il y a toujours un des deux qui est gagnant et l’autre perdant…et qui veut être perdant ?

La séduction,  la caresse d’un regard, la fébrilité des gestes interdits, le renouveau sexuel, l’audace de transgresser les tabous peut transformer agréablement notre vie sexuelle et notre intimité, mais, dans la plupart des cas, sera comme un feu de paille qui s’éteindra de lui-même car exempt de vérité, de noblesse. Ce qui se construit dans la culpabilité et la tricherie se détruit au fil de nos illusions imaginaires et chimériques.

L’infidélité comme l’alcoolisme provient d’un manque profond  qui fait réagir la personne, souvent inconsciemment, comme si c’était la seule solution à son problème. Seule une aide professionnelle peut l’aider à réorienter  sa vie sexuelle, sinon elle s’enlise dans des patterns enfouis au plus profond d’elle-même, sans pouvoir  vraiment s’en sortir et ainsi brimer son intimité en recréant ce modèle tout au long de sa vie.

Le coaching relationnel de couple (CRC) permettra de conscientiser ce manque afin de trouver des alternatives positives et enrichissantes pour que la personne puisse vivre sainement sa relation de couple.